top of page
  • Instagram
  • Facebook

LE RÊVE D'EULALIE

Pour tenter de répondre aux questions qui me taraudaient sur mes origines, je suis partie de la courte légende familiale, qui gommait la condition servile de mon ancêtre Eulalie et la mariait à un certain "marquis Louis de Pombyré de la Clertière de Beausoleil". L’enquête a pris la forme d’un livre illustré, retraçant le destin d’Eulalie et de sa descendance : un fils esclave devenu planteur, un petit-fils médecin, puis député, banquier, industriel et enfin gouverneur des colonies, une arrière petite-fille écrivaine, pionnière méconnue de la négritude, dont l’unique roman (publié en 1924) exprime aussi, à mes yeux, la solitude de la mulâtresse…

le-reve-d-eulalie-emmanuelle-gall.jpg

J’ai découvert qu’à peine affranchis, d’anciens esclaves possédaient à leur tour des esclaves, que, pour échapper à leur condition, certains devenaient des agents de la colonisation… J’ai mieux compris pourquoi le besoin d’intégration avait poussé ma grand-mère, puis ma mère, à se "blanchir"… L’histoire de cette famille mulâtre ressemble à celle de nombreux colonisés, à l’identité flottante et problématique.


Fin de l’enquête, pas de la quête. Comment illustrer ce livre ? Révulsée par le fond et la forme de l’imagerie coloniale, j’ai longuement observé les drapeaux asafo du Ghana, les toiles appliquées du Bénin ou encore les toiles de Korhogo (Mali). Si la traite négrière – et a fortiori l’esclavage aux Antilles – ne sont pas représentés dans ces œuvres, de nombreux motifs et figures me paraissent susceptibles d’exprimer plus justement le regard ou l’imaginaire dont Eulalie et les siens ont hérités.

bottom of page